Condamnation pour Trump, mais pas de peine
Donald Trump a été officiellement dispensé de peine vendredi dans l'affaire des paiements cachés à une star de films X. La sanction est symbolique mais historique: elle fait de lui le premier président élu des Etats-Unis condamné au pénal.
A dix jours de son entrée à la Maison Blanche, le républicain a comparu à distance sur un écran vidéo, deux drapeaux américains derrière lui, lors de cette audience qu'il a cherché à éviter en usant de tous les recours.
Visiblement irrité et impatient, il a dénoncé une "honte pour le système", se disant "totalement innocent" et rappelant qu'il avait remporté le vote populaire à l'élection présidentielle du 5 novembre.
Après l'avoir remercié, le juge Juan Merchan a rappelé les "circonstances uniques et exceptionnelles" de la situation. Il a ensuite prononcé une dispense de peine, "la seule sentence" possible à ses yeux, et a souhaité à Donald Trump: "bonne chance pour votre second mandat".
"IL N'YA PAS D'AFFAIRE, IL N'Y A JAMAIS EU D'AFFAIRE", a ensuite écrit Donald Trump en lettres majuscules sur son réseau Truth Social. Ses avocats avaient déjà annoncé qu'il ferait appel de cette sentence.
Cour suprême
Jusqu'au dernier jour et jusque devant la Cour suprême à Washington, les avocats du 45e et bientôt 47e président américain ont multiplié les recours en brandissant son immunité présidentielle passée et à venir, afin d'empêcher le juge de sanctionner leur client.
Mais jeudi soir, la plus haute juridiction des Etats-Unis, a rejeté par cinq voix contre quatre une ultime requête.
Avec le prononcé de cette peine, la plus faible possible, plus de sept mois après avoir été déclaré coupable par un jury de 12 citoyens unanimes devant une cour pénale de Manhattan, Donald Trump va entrer le 20 janvier, à 78 ans, à la Maison Blanche avec l'étiquette d'un repris de justice.
Mais le fardeau sera surtout symbolique, pour celui qui a échappé à toute conséquence judiciaire dans les trois autres affaires où il avait été inculpé, dont la plus grave devant la justice fédérale pour ses tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection présidentielle de 2020.
Dans ce dossier, le procureur spécial Jack Smith a abandonné les poursuites après l'élection de Donald Trump le 5 novembre, alors que le procès n'avait pas commencé.
"Doigt d'honneur"
"C'est un doigt d'honneur (de Donald Trump) au juge, au jury, et à la justice", s'est indigné auprès de l'AFP l'ancien procureur de New York et professeur de Droit à l'université Pace, Bennett Gershman.
Au printemps dernier, celui qui était encore candidat à la présidentielle devait se rendre presque chaque jour pendant six semaines dans une salle d'audience au décor vieillot et sommaire de la cour pénale, et assister aux débats dans cette affaire mêlant politique, argent et scandale sexuel.
Vendredi, à l'extérieur du tribunal, des partisans du républicain tenaient une banderole géante portant le nom de leur idole, balayée par des vents violents. Il y avait également une poignée de manifestants hostiles au président élu, tenant une pancarte sur laquelle on pouvait lire: "Trump est coupable".
Le jury avait reconnu Donald Trump coupable de 34 délits de falsifications comptables pour cacher aux électeurs le paiement de 130'000 dollars à la star de films X Stormy Daniels, à la fin de sa première campagne victorieuse en 2016 contre Hillary Clinton, dont le procès avait révélé les coulisses.
L'argent avait été versé pour acheter le silence de l'actrice sur une relation sexuelle qu'elle affirmait avoir eue en 2006 avec l'ancien magnat de l'immobilier, relation qu'il a toujours niée.
Assailli par les recours des avocats et à la suite d'une décision majeure de la Cour suprême le 1er juillet sur l'immunité présidentielle, le juge Merchan a dû repousser à plusieurs reprises le prononcé de la peine, de juillet à septembre, puis à novembre, après la présidentielle.
La victoire de Donald Trump a déclenché une nouvelle salve de recours de la défense, mais Juan Merchan a maintenu la sentence.
Comme dans les autres affaires où il était poursuivi, Donald Trump s'est présenté comme la victime d'une "chasse aux sorcières" orchestrée par ses adversaires politiques, un discours qu'il a tenu inlassablement et dont ses partisans étaient convaincus, dans un pays où les sondages montrent que la confiance dans les institutions s'est nettement érodée ces dernières années.